5 initiatives pour la parité hommes-femmes dans le monde en développement

Égalité homme- femme Cité Unie
Par Jaimoen87 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, Lien

Du rite indien de sati pratha aux déclarations dénigrantes de l’élu Trump, en passant par des hommes innocents qui tombent dans les griffes d’une législation trop favorable aux femmes, l’histoire mondiale est bien garnie en inégalités entre hommes et femmes. Cet article présente cinq initiatives positives pour les femmes dans le monde en développement.

Brésil

En 2003, le gouvernement brésilien de Lula da Silva a fait du programme de la Bolsa familia (bourse familiale) sa très prisée marque de commerce. Si ce programme n’a pas été institué seulement pour réduire l’écart entre les sexes, son approche holistique de transferts en espèces est innovante. Il s’agit d’une enveloppe disponible pour chaque famille vivant sous un certain seuil de revenus, conditionnel à ce que les enfants soient scolarisés et bénéficient de soins médicaux. Le côté inspirant de cette politique est que l’argent est donné directement à la mère de famille, qui possède la carte bancaire sur laquelle les fonds sont transférés lorsque les conditions sont remplies. Cette politique a connu un grand succès au Brésil et a été reproduite dans plusieurs États. Elle permet à ses bénéficiaires féminins d’être autonomes et de gagner en estime de soi, réduisant ainsi les inégalités entre hommes et femmes. L’étude menée par Nathalia Carvalho Moreira, intitulée Empowerment, Gender Inequality and Social Mobility in the Bolsa Família Program, est une excellente référence sur les conséquences de cette politique.

Banque africaine de développement

La Banque africaine de développement a instauré en 2015 un indice de l’égalité du genre en Afrique, qui compile des données sur l’égalité entre les sexes dans 52 pays africains sur 54, pour les mesurer et promouvoir le développement économique. Cette base de données comprend trois volets : l’autonomie économique des femmes, le développement humain et le droit et les institutions. L’objectif de cette initiative est d’encourager les responsables politiques à se concentrer sur les barrières qui limitent l’accès des femmes au marché du travail et à l’égalité au sein de ce marché. La publication d’un rapport exhaustif tous les deux ans devrait fournir à ces dirigeants des données solides pour comprendre les liens entre inégalités et croissance économique. Les résultats de 2015, qui exposent la diversité des problèmes en Afrique, ont déjà abouti à la mise en œuvre de nouvelles politiques majeures dans certains États.

Inde

L’Inde, l’un des plus grands États-providences du monde, a pris de nombreuses initiatives pour réduire l’écart entre hommes et femmes. Le programme Rashtriya Mahila Kosh, lancé par le ministère du développement pour la femme et l’enfant en 1993, a permis aux femmes défavorisées d’accéder au microcrédit pour lancer leur entreprise. Ce programme est encore aujourd’hui un vecteur d’émancipation majeur pour la communauté féminine. Il encourage l’usage efficace du crédit pour permettre aux femmes de s’auto-suffire et les convaincre de se lancer dans les affaires, à travers des recherches et analyses ainsi qu’une méthodologie claire. Selon le rapport du programme 2014-2015, 33,4 milliards de roupies auraient ainsi été distribués, générant un revenu de 189,9 milliards de roupies.

Russie

Lors de la Révolution d’octobre de 1917 en Russie, les Bolsheviks ont eu pour objectif de libérer la communauté féminine de sa servitude. Ils ont alors procédé en 1918 à une réforme extensive du Code de la famille et du mariage pour accorder aux femmes le droit à la propriété et à leurs propres revenus, donner des droits aux enfants nés hors mariage et légaliser le divorce. Un mouvement féministe stimulant est né dans les années qui ont suivi : le Zhenotdel, soit la section des femmes du Parti communiste. Le Zhenotdel avait pour but de diffuser la nouvelle de la révolution, faire respecter les lois, éduquer la société par un enseignement politique et par l’alphabétisation des femmes et des filles, et lutter contre la prostitution. Cette initiative a joué un rôle majeur dans le succès de la Révolution.

Corée du Sud

Il existe en Corée du Sud une Force d’intervention pour la parité hommes-femmes qui a joué un rôle essentiel dans la mise en oeuvre d’initiatives pour les femmes, dans un pays qui accuse encore de sérieux retards à ce titre, malgré son développement des dernières décennies. Une étape significative a été la politique de la « Meilleure politique conciliation travail-famille », un programme incitatif caractérisé par des certificats décernés aux entreprises qui adoptent des politiques conciliantes pour les hommes et les femmes ayant des obligations familiales. Alors que seulement 14 compagnies y participaient en 2008, elles sont aujourd’hui 956. Une autre initiative majeure est le programme « à deux vitesses » pour les congés parentaux. En vertu de ce programme, un homme peut bénéficier d’une rémunération à 100 % de son salaire, versé par le gouvernement pendant le congé de paternité qui suit le congé maternel, contre 40 % autrefois. Ces politiques menées dans le milieu professionnel ont su démontrer leur efficacité en matière de parité et de développement économique.

Il ne s’agit que de quelques exemples remarquables dans le monde en développement, auxquels s’oppose la triste réalité d’un monde toujours excessivement inégal pour les femmes. Reste à espérer que davantage d’études seront menées en politique publique et en développement, et que les idées des étudiants d’aujourd’hui deviendront les initiatives des décideurs de demain.

Par Isha Mohanty, auteure invitée

Traduit de l’anglais par Alexandre Thibault

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